M Pokora : « J'ai grandi avec mon public »

Vos précédents albums, dont le dernier MP3 enregistré en 2008 aux Etats-unis, étaient du M Pokora pur jus avec du tempo, de la grosse machine R'n'B. Votre prochain est beaucoup plus pop… Pourquoi ce changement assez radical même si l'on y retrouve quelques morceaux dance ?

C'est vrai que dans cet album j'ai voulu insister davantage sur les mélodies, mettre ma voix plus en avant. J'avais eu des remarques de gens qui me disaient que l'on n'entendait pas forcément toujours bien ma voix alors que je chantais bien ! C'est un album plus pop urbaine avec davantage d'acoustique que les précédents. Et puis je reviens avec des textes en français. C'était clairement un besoin et une envie que de pouvoir reparler de choses dans ma langue d'origine.

Vous n'avez pas peur de dérouter vos fans habituels avec ce changement de style ?

Lorsque j'ai débuté il y a sept ans, mes fans avaient 14-15 ans. Aujourd'hui ils ont 21-22 ans. Ils ont évolué, leurs goûts ont changé. Moi aussi j'ai évolué. J'ai grandi avec mon public. Mes textes sont aussi plus personnels qu'au départ. Quand on 18 ans on parle de filles, de soirées. On n'a pas forcément beaucoup de choses à raconter. Là il y a davantage de maturité même si je sais bien qu'à 24 ans j'ai encore plein de choses à vivre. Mais je peux dans mes textes parler de choses plus fortes, plus personnelles comme les doutes, mon grand-père, la société.

Quel est le sens du titre de vote album, Mise à jour ?

A ne pas confondre avec Mise au point… C'est pour moi l'idée qu'à 24 ans il faut se remettre en question, repartir sur de nouvelles bases, avancer, évoluer. C'est tout un travail d'introspection qu'il était important que je fasse.

Une fois de plus vous faites appel à plusieurs producteurs européens…

C'est vrai que je n'ai pas encore fait un album avec une seule personne. Cela vient sans doute du fait que j'aime bien écouter des musiques qui viennent d'un peu partout. Cela permet de donner une couleur assez large à l'album. Le choix des producteurs s'est fait naturellement car aujourd'hui, c'est en Europe que la musique pop se fait. Même les plus grands Américains s'inspirent des Européens.

Une de vos chansons, « Sauvons ce qu'il nous reste » parle de votre inquiétude devant l'état de la planète qui se dégrade. C'est un sujet qui vous tient à cœur ?

Je m'y suis intéressé quand j'ai vu le document d'Al Gore. Ça m'a vraiment choqué de voir à quel point nous sommes responsables de ce qui se passe. J'ai pas mal voyagé depuis le début de ma carrière. J'ai vu des endroits magnifiques.
Je trouve dommage de bousiller tout cela. Alors si chacun, à son niveau, peut faire quelque chose… Moi, même si je ne suis pas super-engagé, j'essaye d'apporter ma petite pierre.

Un artiste doit-il forcément s'engager ?

Je trouve important d'utiliser sa notoriété pour aider à faire avancer les choses. J'ai pris conscience du pouvoir d'être médiatisé le jour où j'ai reçu la lettre d'une fan qui avait fait une tentative de suicide. Elle m'écrivait que grâce à mon album elle pensait à autre chose que la mort, qu'elle cherchait dans tous les journaux des photos, des infos sur moi. Cela peut ne pas paraître très important mais ce jour-là je me suis rendu compte à quel point, à mon niveau, je pouvais apporter quelque chose aux autres. Alors, dès que je le peux je vais aider les associations en rencontrant notamment des malades dans les hôpitaux. Ce sont des moments incroyables, très forts, de voir ces personnes à qui parfois il ne reste que quelques jours à vivre, être aussi heureux en rencontrant un chanteur, en écoutant un morceau de musique. Alors, oui, si à mon petit niveau je peux faire quelque chose, je n'hésite pas.

Propos recueillis par Grégoire Amir-Tahmasseb
Single « Juste une photo de toi » déjà disponible. Album « Mise à jour » (Emi) en vente le 23 août dans les bacs (le 16 août en digita).