M. Pokora : Le monde est à lui
Il a fait son entrée dans le showbiz à 17 ans comme membre du trio Link Up, vainqueur de la troisième édition de Popstars, le télécrochet de la 6. Depuis, Matt Pokora a grandi. Pour son troisième album, il a été chercher le producteur Timbaland aux States et affirme sa volonté de devenir artiste international. Une chimère ? Pas si sûr, car M. Pokora se donne les moyens de son ambition.
Le grand rêve Américain en scope et en technicolor et rien de moins, tel était l’objectif de MP. Depuis ses premières armes à la télé, notre Justin Timberlake made in France se rêvait entre les pattes du plus grand producer de r&b du moment, le phénoménal Timbaland. Sheila en son temps n’avait elle pas déjà su convaincre Claude Carrère de lui offrir une production Chic griffée Nile Rodgers avec « Spacer »? Les Rita Mitsouko eux mêmes n’avaient ils pas fait appel à Tony Visconti pour remixer certains de leurs titres de l’album « Re » ? Objectif atteint donc pour le jeune français qui réalise ainsi son rêve sonic. Mais le public suivra t’il ?
Rencontre avec M Pokora, le don du r&b français.
Tu as enregistré une bonne partie des chansons de ton album MP3 avec Timbaland. Comment se sont passées les sessions avec lui ?
M. Pokora :En général, on commençait vers midi, et on finissait à deux heures du mat’. Au Thomas Crown studio en Virginie, il y avait une chambre juste au-dessus donc on pouvait se reposer entre deux séances. Timbo loue un studio à Miami mais son vrai fief c’est Virginia Beach, c’est là où il a fait l’album de Justin et où il s’est enfermé pour faire le sien. Les Neptunes avaient le studio juste en face mais ils ont déménagé, ils sont plus souvent à LA et New York maintenant.
Quel est ton objectif pour le marché français ?
M.P. : Mon dernier album s’est vendu à 300.000 exemplaires, donc déjà 300.000 et une tournée bien remplie –je fais Bercy le 18 novembre prochain. Le show va être consistant. On en a donné un premier avant-goût sur Canal le 24 mars avec « Dangerous », la première fois qu’on l’envoie en
live à la télé. Ça me plaît de plus en plus, le live.
Tu n’es pas anglophone. Comment ça s’est passé pour les paroles ?M.P. : On a tout fait ensemble. Pour l’écriture des titres de Timbo, j’ai bossé avec Jim Beanz, qui a travaillé sur les hits de Nelly Furtado et « Gimme More » de Britney Spears. J’amenais mes thèmes, mes idées pour la compo et aussi les lignes de chant. Pour mes vocaux, j’avais ce qu’ils appellent là-bas les « vocal producers » : avec chaque producteur j’avais un mec qui me drivait sur l’accent. Ça ne m’a pas posé de problème, j’écoute beaucoup d’anglo-saxon. On a trois Ricains, Timbo, Ryan Leslie et JR. En français j’ai Kore, Byonix, un morceau avec mon frère Tarz et un petit jeune signé sur mon label, Jordan. Ça fait pas mal de monde, et c’est Timbaland qui a le plus de titres. Je voulais une vraie alchimie au niveau de la création. C’est un album assez large et ouvert, on sent pas mal d’influences. C’est pour ça que je voulais des producteurs différents. Et je voulais apporter ma touche
européenne avec des prods françaises et belges. Je suis en pleine évolution, loin de mon album de maturité. Je n’ai que 22 ans.
La chute des ventes de disques t’effraie-t-elle ?
M.P. : C’est vrai qu’on a du perdre 50% en 5 ans. Je ne suis pas flippé parce que je me dis que si Diam’s qui vend un million, ça veut dire que quand les sons sont bons, quand le personnage plait aux gens, ça marche. Il y a d’autres solutions à trouver, d’autres façons d’amener la musique. Mon album sort sur un téléphone en avant-première, il y a plein d’autres
façons de vendre la musique. Il faut aller avec son temps et se préparer à la nouvelle ère.
Ça a été dur de sortir de l’échec Link Up ?
M.P. : L’après Link Up, ou plutôt le début Pokora, a été assez difficile. Je n’avais pas de passé dans la musique que j’aime, je suis arrivé par un groupe qui sortait de la télé et qui faisait de la pop française. À la base j’ai toujours kiffé le r&b et le hip hop, donc quand tu te lances sans un passé qui colle, c’est dur au début. Pour la petite histoire, à la base c’est Matt Houston qui devait faire mon premier album. Je sortais de Link Up et un gars de son équipe avait appris que je partais en solo, il avait voulu me rencontrer et je suis allé le voir dans ses studios. Je n’étais pas forcément emballé par ce qu’on avait fait et Kore & Scalp m’ont proposé des trucs que je surkiffais. J’ai donc décidé de faire l’album avec eux et Matt a pris les boules, ça a donné l’histoire que tout le monde connaît maintenant. Mais le premier album est rentré 39
ème au Top, on ne voulait pas de moi sur les
grandes chaînes. Maintenant la téléréalité est digérée et mine de rien, il y a quatre ans il y avait beaucoup moins d’artistes r&b français. À part Matt Houston, il n’y avait rien qui était diffusé. Il a fallu attendre mon deuxième album entré numéro un et les NRJ Awards pour débloquer les choses. Heureusement qu’il y a eu Skyrock pour diffuser le single « Showbiz », sinon ça aurait été difficile.
Ton album est axé sur l’international. Il y a quelques années, Tragédie avait essayé sans succès de s’exporter aux States…
M.P. : Tragédie, musicalement c’était assez pauvre. En France c’est une chose mais aux Etats-Unis, tu ne peux pas arriver avec des fausses notes dans ton album. Quand j’écoute mes précédents albums, jamais de la vie je n’aurais prétendu aller aux States avec, je savais que ça n’était pas assez riche. Là, je le tente parce que j’ai la matière, sinon je serais resté ici.
Album
MP3 et single « Dangerous » disponibles chez Capitol/EMI.
Artiste : M Pokora
Album : « MP3 »
Label : Capitol (dist.EMI)
© Olivier Cachin pour HitMuseMag.com le 7 avril 2008
Source : ici