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M.Pokora vise l'Amérique

Révélé il y a cinq ans par l'émission « Popstars », sur M 6, le jeune chanteur sort aujourd'hui un disque en anglais. Avec l'aide notamment de l'Américain Timbaland, il ambitionne de rivaliser avec les meilleures productions R'n'B du moment.

AVEC LUI, l'image est un moteur. Alors, en rencontrant M.Pokora, on observe d'abord le personnage. Beau gosse de 22 ans, crâne rasé, collier de barbe et kaléidoscope de tatouages.

Il y a d'abord un X au creux des poignets, symbole de fraternité avec son meilleur pote, Djibril Cissé : « On l'a tous les deux. Quand il marque un but, il me fait le signe X. » Une calligraphie arabe est aussi posée dans son cou. « Cela veut dire : Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi. »

Et puis le premier de tous, son pseudonyme sur le bras. « Pokora, c'est humilité en polonais, mes origines du côté de mon père. Cela me correspond bien » Humble peut-être. Ambitieux à coup sûr. Le jeune homme rêvait d'un album en anglais. Il l'a fait. Sorti hier, « MP 3 », son troisième disque, compte rivaliser avec les productions R'n'B américaines. « Il sort dans plus de vingt pays. Là-bas, ils ont accueilli mon single, Dangerous, comme une production anglo-saxonne. »

« Pour moi, rien n'est impossible »

Et pour cause. M.Pokora, de son vrai nom Mathieu Tota, a mis toutes les chances de son côté pour parvenir à ses fins. Le petit Strasbourgeois, fils d'une secrétaire et d'un ancien footballeur, révélé il y a cinq ans par l'émission « Popstars » et le groupe sans lendemain Linkup, est allé frapper à la porte des maîtres du genre. Parmi eux, Timbaland, « maître étalon » de la production R'n'B actuelle, impressionnant architecte sonore des disques de Justin Timberlake ou Nelly Furtado. « J'avais fait un duo avec Nelly aux NRJ Music Awards. Son entourage a bien flashé sur moi. Il nous a mis en contact avec Timbaland. Je suis allé le voir avec le DVD de mon dernier show. Il était surpris qu'un Français puisse être chanteur-danseur-performeur. Un mois et demi après, j'étais en studio avec lui à Los Angeles. » Certains restent perplexes sur la réalité de cette collaboration prestigieuse. « Il était présent physiquement dans les studios, m'a proposé des choses, se défend le petit Français. Et il n'était pas question d'argent. Je n'avais plus de maison de disques quand j'ai commencé à bosser avec lui et donc pas de quoi me payer une production Timbaland à 150 000 dollars. » D'autres que lui parleraient de rêve irréalisable. Le chanteur n'y voit qu'une évolution logique. « Le français ne me permettait pas de franchir les frontières. L'anglais est naturel chez moi. Depuis l'âge de 6 ans, j'écoute des disques anglo-saxons. Pour réussir un tel projet, il fallait que je m'entoure des meilleurs pour avoir du gros son. »

En l'entendant aligner ses arguments désarmants, on ne peut s'empêcher de repenser au gringalet en train de roucouler devant les caméras de M 6 époque « Popstars ». Depuis, M.Pokora affole les jeunes filles, remplit Bercy, dessine des baskets Reebok et des lunettes Von Dutch, a créé sa société de production. Le tout sans états d'âme, symbole d'une époque dite « décomplexée ». « J'aime les gens débridés qui lâchent le frein à main. Pour moi, rien n'est impossible. Si aujourd'hui quelqu'un me dit : Dans cinq ans, tu rempliras le Madison Square Garden à New York, je ne dirais pas : T'es dingue ! mais : Tiens, tu me donnes une idée ! » Et pour ceux qui crient à l'imposture, à l'ersatz franchouillard de Justin Timberlake, M.Pokora possède déjà la réponse à travers un autre tatouage. « Seul Dieu peut me juger », gravé sur son bras. En anglais.

En concert le 18 novembre à Paris-Bercy. En tournée à partir du 3 octobre.