[Fini] Partie trop tôt

Je monte déposer mon cartable dans ma chambre, et y reste. Il y a de l'eau dans le gaz, autant rester tranquille dans mon coin et n'embêter aucun des deux. Je me mets de nouveau en pyj' et décide de me recoucher, quand papa frappe à ma porte. Je l'autorise à entrer.

"Tu vas t'coucher ?
- Ouais, je suis fatiguée.
- Ben j'y vais, à ce soir, me faisant un bisou sur les cheveux.
- Oui, bonne journée !
- Toi aussi bébé de moi."

Il s'en va, et avant qu'il ne ferme la porte, je l'appelle. "Tu t'excuses avec mamie avant de partir hein...", je lui dis en faisant un clin d'oeil. Il sourit et ferme derrière lui. Je le sais qu'il va s'excuser, il parle rarement comme-ça à sa maman, c'est bien l'une des premières fois que je les vois se facher tous les deux. Je n'ai donc aucun souci à me faire sur leur petit désaccord, je m'endors alors tranquillement.

Je me réveille 2h30 après, j'vais en bas. Mamie regarde la télé, Des chiffres & des lettres !.. La plus vieille émission qui soit dans tous les sens du terme !!

"T'as trouvé que ça à regarder ou quoi la vieille ?
- Non mais, de quoi j'me mêle ?! Ta Audrey elle est mieux tu crois ? Tu devrais regarder ceci plutôt, ça te cultiverait un peu !
- Parce-que j'suis inculte moi ?!, vexée.
- Ca te cultiverait un peu... plus !
- Pfff..."

Elle sourit, fière d'elle. N'empêche ce qu'elle est belle ma mamie quand elle sourit. C'est la plus belle !

"Bon, choses sérieuses la vieille ! Faut qu'on appelle papie Hervé ! T'as oublié ?
- Oh la môme, parle bien !, en riant. Tout d'suite ?
- Ben oui, qu'est-ce t'as cru ?! J'vais chercher le téléphone, j'te laisse regarder Laurent Romejko quelques secondes ! Tu le "kiffes" hein, comme dirait ton fils !"

Je m'en vais attraper le téléhone et le carnet avec tous les numéros, ne pouvant m'empêcher de rire à mes bêtises. Mamie est obligée de suivre malgré elle. Je reviens ensuite, lui donne le téléphone pour qu'elle l'appelle elle-même.

Oui, parce-que ça non plus je ne vous l'ai pas dit, au fait ! Depuis que j'ai joué aux trucs SMS passés à la TV pour savoir comment s'appeleraient mes enfants un jour, comment s'appelle mon ange gardien, qu'est-ce que signifie mon prénom etc., et surtout depuis que papa a payé environ 1.000€ de facture téléphonique à cause de cela, je n'ai plus le droit de toucher au téléphone ! Mouais, ben je vais vous dire... En attendant c'est pas grave, puisque le mal est fait ! Je sais que mes enfants s'appeleront Vincent & Sarah (mon mari c'est Jonathan), que mon ange gardien c'est Alicia, et que mon prénom révèle bien des choses... vraies sur moi.

"Bon allez, c'est bon, c'est moi qui parle !!
- Ben oui, mais attends, ça répond pas encore !
- Oui mais donne !, en prenant le téléphone. Je dis quoi ?
- C'est toi qui voulais, débrouille-toi !"

Sympa mamie ! En plus, papie Hervé je ne suis pas vraiment habituée avec lui. Il habite à Strasbourg, on ne le voit pas souvent. Il est gentil, mais je suis quand même un peu timide avec lui. Mais là, c'est pour la bonne cause, alors je vais bien devoir parler !

"Allô ? Papie ? Oui, c'est Julie... Tu vas bien ?.. Oui, moi ça va !.. Oui, je suis en vacances... Ben je sais pas, tu nous invites ?.. Ah, ben j'dirai à papa alors !.. Tu sais papie, je t'appelle parce-que je me disais que peut-être tu connaissais Julie, la copine de papa... Oui, tu vois qui c'est ? C'était sa meilleure amie avant... Oui, oui c'est elle, ils étaient dans la même classe... Oui, papie, je sais qu'il ne travaillait pas bien papa, t'inquiète pas, j'suis pas comme lui !.. Oui, bref, donc Julie ! Tu ne saurais pas ce qu'elle est devenue ?.. Ben parce-que j'ai envie de la connaître, c'est tout... Mais oui, c'est tout !.. Sa tante ?.. Elle habite où ? A Stras ?.. Ok, et tu as son numéro ?.. Oui, ben cherche dans les dossiers, j'ai le temps t'inquiète pas, je patiente... Ouiii, je patiente, cherche !"

Papie, ce qu'il parle aussi lui quand même ! Et un peu curieux sur les bords également... M'enfin, quand on est pareille, on parle pas, c'est vrai...

"Oui, j'suis encore là... Aaah, t'as trouvé ?! Vas-y, c'est quoi le numéro ?? Attends, attends, je note !"

Le numéro de la tante de Julie en poche, les choses sérieuses vont vraiment commencer à présent ! Je tente de raccrocher après avoir eu ce que je voulais, mais difficile quand on a un grand-père qui est proviseur retraité : "Tu travailles bien ma chérie hein ! Tu sais, c'est en travaillant à l'école qu'on arrive à avoir un bon avenir plus tard !..". Je réponds oui à tout c'qu'il dit, le remercie, lui promets de venir le voir bientôt, et raccroche... enfin.

Sans plus attendre, j'appelle - moi-même - la tante de Julie, en espérant que le numéro soit encore bon... Ca sonne... Une sonnerie, deux sonneries, trois...

"Allô, bonjour ? Madame Fritsch ?!
- Oui, bonjour, c'est moi-même. Que puis-je pour vous ?
- Ah... Euh... Bonjour...
- Oui, bonjour, que puis-je pour vous ?
- Oui, oui, excusez-moi ! Euh... Vous allez peut-être trouver ça absurde mais je m'appelle Julie et je suis la fille du meilleur ami de votre nièce... Julie. Mon papa s'appelle Matthieu, vous devez sûrement vous rappeler de lui peut-être non ?.."

Un silence s'installe, elle ne répond plus... J'ai sans doute dû m'y prendre un peu mal, ce qui ne m'étonnerait même pas...

"Vous êtes là ?
- Euh, oui, pardon...
- Vous ne vous souvenez plus de mon papa ?
- Si, si... Je m'en souviens... Mais cela doit faire une dizaine d'années que je n'ai plus entendu parler de lui... à part dans les journaux...
- Oui, je sais...
- Mais pourquoi m'appelles-tu au juste ?
- Vous savez Madame, j'aimerais retrouver Julie pour mon papa... Enfin, surtout pour ma maman...
- Comment ça ?
- Je vous avouerai que c'est une histoire compliquée...
- Ah...
- Oui, ma maman s'appellait Aurélie, elle était copine avec votre nièce aussi, et elle sortait avec mon papa... Malheureusement, la vie a fait que mon papa & moi la perdions... Elle est partie en haut à ma naissance, mais avant cela elle m'a laissée une lettre dans laquelle elle me disait de retrouver Julie. Elle pense que c'est à cause d'elle qu'ils se sont perdus de vue... Elle veut vraiment que je la retrouve... Vous savez, je ne sais pas si Julie vous l'avait dit, mais elle était amoureuse de mon papa... Il faut que je retrouve Julie... S'il vous plaît...
- Julie aimait Matthieu en effet, mais il lui a fait beaucoup souffrir... Elle l'aimait tellement... Elle n'avait cessé de pleurer quand elle a appris que Matthieu était avec Aurélie ! Elle était partie revivre chez ses parents prétextant que son père était malade... C'était faux, elle ne pouvait supporter de les voir heureux ensemble...
- Vous croyez qu'elle en veut à mon papa ?, me mettant à pleurer.
- Ptite puce, elle l'aimait si fort que je crois qu'aujourd'hui encore elle ne lui en veut pas. Mais c'était trop difficile pour elle de voir celui qu'elle aimait depuis toujours avec une autre...
- Dites-moi comment je peux la joindre, dites-le moi s'il vous plaît ! Elle va le retrouver, elle doit le retrouver, ils doivent se retrouver, s'il vous plaît Madame !!
- Ca semble te tenir à coeur... Tout ce que je peux te dire c'est que Julie travaille dans un centre de vacances qui s'appelle le "Home des pins". Essaie de trouver toi-même les informations sur ce centre, je ne souhaite pas m'en mêler plus que ça, excuse-moi... Le temps passe, tout change petite Julie... Dix années ce n'est pas rien...
- Vous voulez dire quoi par là ?
- Bon courage Julie... Merci..."

Et elle raccrocha sans répondre à la question que je venais de lui poser. Dix ans ce n'est pas rien, c'est sûr, mais... Je ne sais pas quoi penser. Elle m'a fait un peu peur avec ses mystères... Mais je ne me démonterai pas. Je me suis mise en tête que je la retrouverai, alors, je la retrouverai, Julie, quoiqu'il arrive !

J'essuie mon visage, retourne voir mamie. Elle me demande de lui raconter ma conversation, ce que je fais. Après cela, je m'en vais sur le PC portable de papa dans son bureau, chercher des informations sur ce fameux centre.

Le "Home des pins". Il se situe en Bretagne, plus exactement à Saint-Pierre Quiberon dans le Morbihan. On y trouve toutes sortes d'activités pour l'été, mais est ouvert toute l'année. Mes vacances d'hiver, elles, débutent aujourd'hui, papa n'a rien prévu pour nous. "Trop de boulot, on se rattrapera", a-t-il dit... Mais je crois bien que mamie & moi nous allons partir en vacances sans lui...

"Mamie ! On va partir en vacances au "Home des pins" !! Ouais, bon, j'ai découvert que c'était en Bretagne... Y'a mieux, mais bon, que veux-tu ! Tu l'annonces à papa ce soir d'accord ?", je lui fais en arrivant.
- Pourquoi moi ?
- Ben ? Parce-que quand papa me dit quelque chose, moi j'obéis... Alors, si toi tu lui dis, il dira pas non ! Réfléchis un peu voyons !"

Alors, bien sûr, comme à son habitude quand je parle... Mamie rigole ! J'vous jure, je crois que je vais finir par faire comique ! D'ailleurs, vous savez, au "Home des pins", j'ai vu qu'il y avait des ateliers théâtre et musique aussi. Bon, j'y vais pour la bonne cause, c'est vrai, mais j'ai le droit de m'amuser un peu aussi !.. Car même si je reste de bonne humeur (et humour), c'est stressant de se dire que vous devez faire ça, que vous devez le faire bien, et pas autrement. Si je faisais mal je décevrai ma maman, mais je me décevrai moi-même également de me dire que je n'ai pas réussi à accomplir ma mission. Alors, j'ai envie de le faire bien... et vite aussi. Maman ne m'a pas dit "Tu dois faire ça en X semaines", j'avoue, mais moi j'ai envie qu'ils se retrouvent le plus vite possible. Dix ans se sont déjà écoulés, c'en est assez à présent. J'étais incertaine au début sur le fait que si papa retrouvait son amie, il allait me laisser de côté, après tout, c'est elle sa première Julie, pas moi... Mais maintenant, bien que j'ai encore quelques petits doutes malgré moi, par ma curiosité qui m'est propre, j'ai envie de voir qui c'est. Sur la photo que maman m'a donnée elle avait vraiment l'air d'un garçon manqué, ayant de mauvais goûts pour les couleurs... Cependant, une décennie est passée, je veux tellement voir à quoi elle ressemble aujourd'hui... Je veux tellement voir comment elle parle... Je veux tout simplement voir comment elle est.

Je me mets d'accord avec mamie pour qu'elle dise à papa nos vacances ce soir, je lui rassure que "si au cas où, il commence à pas être content, j'interviens pour te sauver !". Elle cède, accepte... comme d'hab'.

Arrivé le soir enfin, papa rentre. Je suis dans ma chambre, je l'entends arriver, alors je descends pour que mamie se souvienne de ce qu'elle doit faire. Moi, j'ai déjà mon plan en tête si jamais il n'était pas d'accord.

On le laisse déposer ses affaires tranquillement, on reste assises dans le canapé gentiment. Quand il redescend, je donne un coup de coude à mamie pour qu'elle parle alors que papa est en train de siffler.

"Euh, Matt ! Faut que j'te dise...
- Oui ?, en allant dans la cuisine, vers le réfrigérateur, toujours en sifflant.
- Tu ne peux pas aller en vacances, on ne t'en veut pas, mais j'ai décidé d'emmener Juju.
- Hein ? Où ?
- Dans un centre...
- Dans un centre ?
- Oui, dans un centre !, j'interviens. Laisse tomber, on a trouvé un super truc pour passer des vacances cool et tout ! On pourra y faire des randonnées, visiter un peu etc., mais on pourra y faire aussi du théâtre, du chant et de la danse ! Ca va être trop bien ! J'ai envie d'apprendre en plus !
- Euh... Juju ? Je peux t'inscrire aux cours de théâtre et de chant si tu veux vraiment... Et la danse je peux t'apprendre moi-même !!
- Ouais, mais j'ai dit qu'il y avait ça EN PLUS ! J'ai pas envie de faire que ça, c'est juste pour te dire que ça sera bien !
- Non, on ira en vacances ensemble tous les trois. On a toujours fait comme-ça, c'est pas aujourd'hui que ça devrait changer. Davi & cie font des stages de danse pendant ces vacs, t'iras.
- Tu rigoles là ?!
- J'ai l'air ?
- Putin, vas-y tu m'énerves !, en partant.
- Pardon Julie ?! Répète !, en venant m'attraper le bras.
- Laisse-moi, t'es nul !, en essayant de partir.
- Julie, excuse-toi !
- Laisse-moi, j'ai dit !, en partant définitivement."

Je monte en pleurs dans ma chambre. Je m'en fiche si je lui ai mal parlé, j'essaie de faire des choses pour lui-même, il ne comprend même pas ! "On a toujours fait comme-ça, c'est pas aujourd'hui que ça devrait changer"... "T'iras aux stages de mes danseurs"... Nanani, nanana... C'est moi le papa, c'est moi le chef, c'est moi qui commande ! Pfff, n'importe quoi !.. Il me déçoit.

J'allume mon camescope qu'il m'a offert il y a deux jours, et m'amuse à faire comme Audrey. Il n'y a qu'elle qui arrive à me calmer les nerfs. Il suffit juste que je pense à elle quand je suis triste ou en colère pour que je redevienne plus ou moins zen après. C'est d'ailleurs bientôt l'heure de l'émission, vais me mettre devant la télé... mais mamie arrive. Pourquoi est-ce toujours au moment où on a envie d'être tranquille que quelqu'un vient forcément nous déranger ? Si vous avez la réponse, j'veux bien...

"Je ne te dérange pas ?
- Non, en lui faisant un sourire.
- Tu sais quoi ? Ce n'est pas bien d'avoir parler à ton papa comme-ça. A sa place, je t'aurais giflée.
- Il m'a énervée mamie..., en recommençant à pleurer. Moi j'fais ça pour lui ! Je sais qu'il ne m'a rien demandé, qu'il n'en sait rien, mais quand même..., pleurant de plus belle."

Mamie me prend dans ses bras pour me consoler.

"Tu devrais peut-être t'excuser ?
- Tout d'suite ? Peut-être que là il m'aime pu...
- Ben va vérifier par toi-même !.."

Je fais un bisou à mamie, lui dit merci, m'excuse avec elle également et pars voir le papou... que j'aime malgré tout...

J'arrive, frappe à sa porte, il dit d'entrer. Il est allongé sur son lit, les bras derrière la tête et regarde le plafond, ne me regarde même pas. "Voilà, j'en étais sûre !.. Tu m'aimes plus...", je fais en pleurant. Qu'est-ce que je pleure aujourd'hui, d'habitude je ne fais que rire... Mais je ne sais pas... J'ai une espèce de pression sur moi, que je ne me contrôle plus. A dix ans, déjà stressée et nerveuse comme pas permis... Où va le monde !

"Je suis désolée, je ne voulais pas te parler ainsi, c'est moi qui suis nulle !, en m'approchant de son lit. Si tu ne veux pas faire la paix tout de suite, c'est pas grave, mais j'veux juste te dire que t'es le plus gentil des papas, le plus beau, le meilleur, et que moi je t'aime... Et..., me grattant la tête parce-que je suis gênée, et même si tu veux pas, je veux te faire un bisou, parce-que je m'excuse."

Il fait toujours la tête, je me penche quand même pour lui faire un bisou en pleurant encore et toujours. Il se redresse, se met assis, m'attrape le bras et me fais asseoir : "T'es trop nulle !.. Mais je t'aime troooooooop fort !!" il me dit en faisant un câlin.

Me voilà soulagée. J'avais trop peur que mon papa il ne m'aime plus jamais à cause de la façon dont je lui ai parlé. Expérience à ne plus recommencer, ça c'est sûr. Je crois que je vais abandonner ce que j'ai commencé... J'étais bien avancée, mais j'ai l'impression que c'est depuis ça qu'il y a des disputes pour rien chez nous, alors qu'avant ça a été toujours été calme chez les Pokora. En seulement deux jours il y a eu trois disputes. Mon papa & ma mamie, je l'ai déjà dit, c'est tout ce que j'ai, je n'ai pas envie qu'on se dispute comme-ça tous les jours... Tant pis, maman doit le voir que ça ne va pas bien chez nous en ce moment... Elle devrait comprendre je pense...

Notre soirée se passe bien. On a joué au Monopoly tous les trois, et c'est papa, en homme d'affaires qu'il est, qui a gagné. En vrai, il a triché j'suis sûre, mais bon. Après la partie, mamie décide d'aller se coucher, mais papa & moi on reste pour jouer à la console. Aux environs de minuit, je commence à fatiguer, je le laisse alors et monte dans ma chambre. Là, je vois sur mon lit un sac, à l'intérieur des vêtements bien pliés ainsi qu'une trousse de toilettes... Evidemment, ce n'est pas moi qui l'ait fait ce sac. Je m'en vais voir mamie. La lumière est allumée dans sa chambre, elle ne dort pas encore... Pourtant, il y a déjà une heure qu'elle nous a dit qu'elle allait se coucher. Je frappe, entre.

"Tu fais quoi mamie ?
- Chut... Demain matin on part.
- On part où ?
- A Home des pins !!"

Demain matin on part à Home des pins... Mamie n'a sûrement pas du comprendre.

"On n'part plus à Home des pins. Il veut pas, et c'est tant mieux.
- On part à Home des pins. Tu as oublié ce que tu dois faire ? Une promesse est une promesse, Juju. Comme tu l'as dit, tu le fais pour lui... Si tout se passe comme il devrait se passer, au final il ne t'en voudra pas, crois-moi."

Mamie est en train de m'embrouiller. Je m'étais résignée, et voilà qu'elle me remet cette idée en tête, alors que je voulais l'oublier.

"Tu ne dois pas abandonner, Juju. On l'appelera quand on sera arrivées pour qu'il n'ait pas à s'inquièter. Tu es presque arrivée, alors pas maintenant.
- Oui mais papa... Je ne veux plus qu'on se dispute moi mamie.
- Julie..."

Elle me fait hésiter à présent. Une promesse c'est une promesse, c'est vrai... J'y suis presque... C'est vrai également... "Ok...", je lui dis. Ok, on va y aller... Arrivera ce qui devra arriver... En tout cas, s'il arrive quelque chose, c'est sûr, je dis que c'était mamie, car moi je ne voulais plus y aller.

Mamie me fait un clin d'oeil. Je ne suis plus du tout confiante, mais je lui souris quand même. Pour une fois que ça n'est pas moi qui fais des bêtises !! Elle me souhaite une bonne nuit, et me dit que demain on devra partir tôt. J'acquiesce et la laisse. Demain à nous Home des pins...

Chap.4 : Le Home des pins

Aujourd'hui samedi, il est 6h, on s'en va direction le Morbihan. Papa dort encore bien sûr... Je stresse... D'un côté pour papa, mais d'un autre pour ce que j'vais découvrir là-bas... Tout est prêt, on s'en va prendre le train... J'en profite pour me recoucher le temps du trajet, ça m'évitera de penser... Quelques heures après, nous voilà arrivées. Mamie appelle un taxi, lui donne l'adresse du Home des pins. Il nous y conduit.

Enfin à destination, je vois à quoi ressemble le lieu où travaille Julie... Et dire que je suis si proche... Mon coeur bat vite tout d'un coup... Le Home des pins... Comme son nom l'indique, c'est une maison, une grande maison, chaleureuse à première vue. Une grande cour, des enfants entre 8 et 12 ans je dirai, qui y jouent surveillés de près par les gens qui y travaillent. De grands arbres, des buissons, des fleurs... "Bienvenue au Home des pins", il est écrit sur une pancarte à l'entrée où nous sommes.

Deux personnes vient nous acceuillir. Un homme, une femme, souriants.

"Bonjour, nous sommes les responsables de ce centre, bienvenue à vous !, nous fait l'homme.
- Venez, ne restez pas là ! Vous n'allez tout de même pas passer vos vacances près de l'entrée !, nous fait la femme, toujours aussi souriante."

Mamie & moi répondons à son sourire, et nous avançons donc.

"Très joli par ici ! J'imagine encore mieux l'été !
- Oui, l'été il y a plein d'activités nautiques, c'est très divertissant ! Nous sommes près de la plage... Mais en cette période c'est aussi bien, nous faisons des randonnées, des feux de camp le soir dans la cour même du centre... Je vous avoue qu'on s'amuse bien ! Cela fait trois ans que nous avons ouvert ce centre, nous faisons les mêmes activités, et à chaque fois, ce n'est pas la même chose, c'est comme-ci on n'en avait jamais fait... Il y a souvent de nouvelles familles qui viennent, et puis il y a aussi les habitués. Non, sérieusement, c'est bien ! Et ce n'est pas pour vanter mon établissement !!, fait la femme en nous tirant la langue."

On rit, elle a l'air vraiment sympathique, lui aussi d'ailleurs.

"Et vous êtes là pour combien de temps ?, nous demande cette fois l'homme.
- Une semaine environ... Un peu moins, répond mamie.
- Ok ! Et bien puisque nous allons souvent nous cotoyer pendant ces quelques jours, je me présente, Eric, et elle, c'est Julie. Ici, on se tutoie."

Mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Mamie & moi on se donnait la main, au même moment où Eric a dit que la femme s'appelait Julie, elle & moi nous nous sommes pressé fortement la main. Non, ça ne devait pas être elle... Ca ne pouvait pas être elle. Il doit y avoir une autre Julie, ce n'est pas possible. La photo de maman, je l'ai regardée plusieurs fois... Julie, un garçon manqué, cheveux courts et raides, ne sachant pas s'habiller... Celle-ci était une belle jeune femme aux cheveux longs, habillée de façon féminine... Une femme qui assumait pleinement sa féminité... Pas comme l'autre Julie. Non, non, ce n'était pas possible. Mamie l'aurait reconnue si c'était elle. Ca remonte à une décennie, mais elle n'aurait pas pu changer autant... Pas au point que mamie ne la reconnaisse pas. C'était la meilleure amie de papa, elle s'en serait souvenue quand même. Et même Julie, la vraie, aurait du reconnaître mamie. A ce qui paraît elles ne se connaissaient pas vraiment toutes les deux. C'était souvent papa qui parlait à sa maman de sa meilleure amie, mais Julie a du la voir quelques fois. Non, ce n'est pas elle, ça ne peut pas être elle.

"Enchantées. Brigitte & Julie, elle aussi, fait mamie avec un sourire crispé.
- Ah toi aussi tu t'appelles Julie !! T'inquiète, c'est le plus beau prénom qui soit, pour les meilleures filles qui existent !!"

Je lui souris. A ce moment précis, je ne sais faire que ça ! Si seulement un jour elle avait su que la maman de son meilleur ami s'appelait Brigitte, nous aurions tout de suite su si c'était elle ou pas à la tête qu'elle aurait fait !

Ils nous conduisent à notre chambre, nous donnent rendez-vous pour le déjeuner. On les laisse et les remercie.

"Mamie ! Qu'est-ce que t'en penses ?!
- Et toi ?
- Elle aurait tant changé ??!
- Ben dix ans...
- Tu n'te souviens même plus à quoi elle ressemblait ?
- Si, avant, mais là... Passe-moi l'expression, ne répète jamais ça : J'suis sur le cul !"

On éclate de rire ensemble ! Et à vrai dire, moi aussi... Mais le moyen le plus simple pour savoir si c'est elle ou pas... c'est de demander. Je laisse mamie ranger les sacs, je descends vite, elle ne doit pas être loin.

En effet...

"Julie !!
- Oui ?, en se retournant, souriante encore et toujours.
- Euh... Excuse-moi de te demander ça, mais tu me rappelles quelqu'un que ma famille a connu il y a quelques années...
- Tu crois ? Je m'en serai souvenue non ?
- Ben ché pas... J'en suis presque sûre ! C'est quoi ton nom ? Si ce n'est pas trop indiscret, évidemment...
- Je m'appelle Julie Fritsch, et je suis sûre de ne t'avoir jamais vue Julie bis !, tirant la langue comme tout à l'heure.
- Ah... Euh... Oui... Excuse-moi, effectivement... Bon, ben... Désolée de t'avoir dérangée Julie... A tout à l'heure...
- A tout à l'heure ! "

Inspire et souffle "Julie bis"... Cette Miss monde n'est autre que l'ancienne meilleure amie de ton père !! "Le temps passe petite Julie, tout change"... Si c'est de ça qu'elle voulait me parler sa tante, c'est sûr, tout a changé !

Je remonte voir mamie, encore tremblante par ce que je viens d'apprendre. Voyant ma tête en arrivant elle sait de suite ce que je vais lui dire, et ne me laisse même pas le temps de parler.

"Oh non, j'hallucine !, elle fait.
- Pas autant que moi ! Bienvenue à Home des pins mamie !!"

Au déjeuner nous faisons connaissance avec les gens, moi je parle plutôt aux enfants, en particulier un... Enfin, "parler" est un grand mot... Il est sourd et muet, il ne communique qu'avec des gestes. Je n'avais jamais encore connu quelqu'un avec cet handicap, mais malgré cela je le comprends quand il s'exprime. Il est tout mignon, gentil et attachant.

Après avoir mangé, Julie invite les enfants à jouer à différents jeux. Cache-cache, Un deux trois soleil, Le ballon prisonnier... Assez pour nous occuper en cet après-midi d'hiver où le soleil est malgré tout présent.

Il doit être environ 17h quand on a finit de jouer, comme à mon habitude, vers cette heure il y a l'émission de mon Audrey que je ne rate jamais. Je suis juste dégoûtée en pensant que je vais rater l'émission, personne pour me l'enregistrer, même pas papa, qui d'ailleurs devrait être à la maison en train de se demander où nous sommes passées... Je m'en vais partager ma tristesse avec mamie, quand j'entends Julie...

"Bon les enfants, allez voir Eric dans la salle commune, moi je m'en vais regarder mon émission, comme d'habitude !
- Venez, Julie n'a pas encore compris qu'il n'y a qu'elle qui aime cette Audrey !"

Je crois rêver, Julie va regarder l'émission d'Audrey, elle y abandonne même les enfants pour elle ! Je cours la voir !

"Hey, Julie, Julie !
- Oui ?, souriante.
- C'est vrai que tu vas regarder Audrey à la TV là ?
- Euh, oui, pourquoi ? Je reviens après, t'inquiète pas, mais cette émission j'peux pas la rater ! Elle fait rire, elle est triste, j'aime trop ! Et l'animatrice...
- ELLE DECHIRE !!, on fait en même temps.
- Toi aussi tu aimes ?!
- Et comment !! Je peux venir avec toi s'il te plaît ?!
- Bien sûr ! Pour une fois que quelqu'un aime bien ! On a déjà assez de points communs en si peu d'temps dis donc !
- Hihi..."

On s'en va donc dans la chambre de Julie, regarder la télé. Elle me fait gentiment un sandwich et le met dans un plateau pour qu'on le mange en regardant. Sa chambre est un peu plus grande que celles des autres. En fait, c'est carrément une petite maison.

"Tu habites ici ?, je lui demande.
- Euh... Non, pas vraiment, mais on va dire que je suis ici le plus souvent et que souvent j'y dors.
- Ok ! Bon ça va commencer, assieds-toi vite !"

Ca commence. Audrey, toujours aussi belle et souriante elle aussi. Dès que je la vois, moi aussi j'ai le sourire qui ne veut plus partir de mon visage. Elle est dans la rue, accoste les gens et leur autorise à passer un message à des gens qu'ils connaissent. L'émission fait rire parfois, car elle n'accoste pas toujours les bonnes personnes, il y a des "oufs", mais parfois aussi, elle est émouvante cette émission car on y a droit à des déclarations d'amour etc.

Elle est dans la rue, sur le point de demander à quelqu'un de passer son message, mais un homme vient l'interrompre. La caméra se met à filmer ailleurs. Cette émission est en direct, c'est ça aussi qui fait son charme, mais il semble y avoir un problème.

Quelques minutes ensuite, après avoir bien filmé l'avenue des Champs-Elysées, Audrey reprend la parole :

"Excusez ce court moment, d'habitude c'est moi-même qui choisis les gens dans la rue, mais nous avons là quelqu'un qui voudrait à tout prix laisser un message. Je lui laisse la parole, en espérant que la personne à qui il s'adresse regarde l'émission en ce moment... A vous, Monsieur !"

Elle l'approche du champ, j'hallucine. Papa.

"Julie... Julie, je sais que où que tu sois tu regardes l'émission, ma Julie. Reviens à la maison s'il te plaît. Tu es partie il n'y a que quelques heures et tu me manques déjà. Appelle-moi au moins pour me rassurer, je ne t'en voudrais pas, je ne vous en voudrais pas, mais je m'inquiète ma Juju, mon bébé... Audrey, elle vous adore, dites-lui de rentrer, j'ai besoin d'elle.
- Petite Julie, si tu entends ce message, appelle ton papa, il est vraiment malheureux sans toi ptite puce... Soyez fort Monsieur, elle reviendra."

Je me mets à pleurer devant la télé, pendant que Julie a côté de moi a les yeux grands ouverts, regardant une fois la télé, une autre fois moi. J'aurais pensé à tout, jamais à ça...

"Tu... Tu... Tu connais... ce monsieur ?
- C'est mon papa..., en pleurant.
- C'est... ton papa ?
- Oui, je lui ai encore fait du mal !, pleurant encore.
- C'est... C'est Matthieu hein ?
- Oui...
- Il va falloir que tu m'expliques... Tu t'es enfuie ?
- Non ! C'est trop long à expliquer, désolée... Il faut que je l'appelle...
- Bon, ok, ok... Zen Julie... Tu as son numéro de portable ?"

Je lui dis que oui, lui donne le numéro, elle le fait et me passe le téléphone.

"Allô papa ?!, recommençant à pleurer.
- Juliiie !! T'es où ?
- T'es fâché ?!
- Non, je ne suis pas fâché ! Dis-moi juste t'es où, je viens te chercher avec mamie ! Vous me manquez trop !
- Excuse-moi papa...
- C'est pas grave mon bébé, dis-moi où t'es ! A Home machin, c'est ça ?!
- Oui...
- Ok, j'arrive demain matin !! Bisous mon bébé, je t'aime, je t'aime, je t'aime ! A demain !
- A demain papa, moi aussi je t'aime."

Je raccroche, rend le téléphone à Julie en la remerciant et en m'excusant.

"Ce n'est pas grave du tout... Par contre, ce qui est grave c'est que tu as raccroché sans lui donner l'adresse !, en souriant.
- Ah, mince !, en riant. Ben il cherchera, tant pis."

Elle me sourit, me regarde, me fixe carrément, ne parle plus.

"Euh... Bon, je vais y aller, je suis désolée encore une fois...
- T'inquiète !, en faisant un clin d'oeil.
- On ne se sera pas connues si longtemps... Dommage, pour une fois que quelqu'un aimait Audrey !, attristée. Bonne soirée Julie La Grande !
- Bonne soirée à toi aussi Julie La Petite."

Je rejoins ma chambre, où mamie se trouve. Je lui raconte tout ce qu'il s'est passé en si peu de temps... Elle n'en crois pas ses oreilles. "Je t'ai dit qu'on faisait une bêtise, on m'écoute jamais moi !". Elle sourit finalement.

"Demain il la reverra ! C'était ça le but non ?
- Oui, mais on n'est pas douées...
- Ben si quand même... C'est comme Inspecteur Gadget !
- C'est quoi le rapport avec Inspecteur Gadget ?!
- Laisse tomber..."

On rit, elle me prend dans ses bras pour faire un câlin, puis on se douche pour aller dîner. J'ai trop honte vis-à-vis de Julie, j'essaie de l'éviter tant que je peux, et y arrive plus ou moins. Ensuite, le dîner fini, alors qu'ils vont allumer le feu et y rester pendant quelques heures encore, mamie & moi on décide d'aller se coucher.

Dimanche. A 9h nous sommes réveillées, nous nous préparons pour y aller... déjà. Et dire que nous n'avons pu profiter de rien... ou pas grand-chose, mais bon. Je range uniquement ma brosse à dents. Je n'ai même pas eu le temps d'enlever mes habits de mon sac.

On descend ensuite pour déjeuner. Papa va sûrement bientôt arriver. Après avoir mangé, Julie & Eric nous disent qu'ils vont faire un peu de théâtre avec les enfants, ils nous y invitent, en attendant que nous partions. On les suit, dans le jardin où on se les gèle en ce matin. Ils doivent apprendre une scène qu'ils présenteront à leurs parents à la fin des vacances. Je ne peux même pas y participer... Moi qui voulais faire un peu de théâtre en venant ici, je dois me contenter de les regarder. La vie est injuste, je l'ai déjà dit ?

Quelques minutes plus tard, alors que Julie était en train d'expliquer comment faire aux deux qui jouaient, je la vois tout d'un coup fixer droit devant elle, ne parlant plus, ne bougeant même plus, les yeux simplement équarquillés. Curieuse, je me retourne. Papa... Le même visage que Julie. Si mamie & moi avons hésité, papa, lui, l'a reconnue, c'est sûr. Je le regarde, je la regarde. Ils ne nous voient même plus. Elle s'aproche de lui, souriante, gênée, contente, surprise, intimidée... tout ça à la fois. Papa quant à lui semble plus choqué. Je les regarde encore. Tout le monde les regarde en fait. Les acteurs ce sont eux. Ils hésitent, ne savent pas s'il faut qu'ils se "checkent" comme quand ils étaient jeunes, ou s'il faut qu'ils se fassent la bise... Finalement, il lui prend dans ses bras, elle le serre fort, elle ne peut s'empêcher de rire et de pleurer à la fois, pendant que lui est heureux et qu'il la fait tourner. Tout le monde est aussi ému qu'eux, mamie & moi encore plus...

Chap.5 : Retrouvailles

"Oh non, j'en crois pas mes yeux je crois là !
- Moi non plus... J'suis debout en face du grand M.Pokora !!
- T'es bête !, en riant."

Eric s'approche d'eux.

"Euh... Vous vous connaissez ?
- Oui, un peu beaucoup même, répond papa.
- Ok ! Ben Julie, j'vous laisse vous retrouver, je continue avec eux ?
- Euh... Ben j'sais pas ?, en regardant papa."
- Normalement je suis juste venu chercher mes femmes moi... Et euh d'ailleurs, elles sont où ?
- Bah là !, je lui fais en agitant ma main."

Il vient vite nous voir, me porte, me fait un bisou, prend mamie dans son autre bras et lui fait un bisou également. Moi qui étais limite jalouse à la scène d'avant... Ca va, il nous aime toujours.

"Vous n'me quittez plus jamais comme-ça !!
- Plus jamais !, toutes les deux.
- Venez, j'vais vous présenter quelqu'un."

Il nous emmène la voir...

"J"te présente ma mère Brigitte, et ma fille, Julie.
- Bon Julie, vas-y, j'm'occupe des enfants.
- Ok !, elle répond à Eric. Et ouais, j'ai déjà fait un peu connaissance avec elles, sans penser que...
- Il faut dire que tu as beaucoup changé et que moi-même je ne t'ai pas reconnue !, réplique mamie.
- Oui, j'avoue..., en souriant légèrement. Bon, venez, on va boire quelque chose avant que vous ne partiez.
- Ben euh... J'ai pris quelques affaires, on pourrait rester encore un jour ou deux non ? Vous qui vouliez à tout prix des vacances là !
- Ah ça s'rait trop bien !!, je fais toute contente."

Papa sourit, c'est ok. Je suis soulagée, je vais pouvoir en profiter comme les autres enfants moi aussi. On va quand même boire un verre, puis mamie décide de laisser papa & sa copine.

"Viens Julie !
- Non, je reste avec mon papa !!
- Julie, ptête que papa & Julie ont des choses à se dire depuis tout ce temps...
- Ah... Oui, c'est vrai..., déçue.
- C'est bon, elle peut rester maman, c'n'est pas grave., en me faisant un clin d'oeil qui me redonne tout de suite le sourire.
- Bon ok, mais moi je vais quand même voir les enfants, à tout à l'heure les jeunes !
- A tout', en choeur."

Mamie s'en va donc, Julie reprend la conversation...

"Sinon, tu racontes quoi de beau "MP" ?
- Oh arrête. C'était quand j'étais jeune !!
- Je te taquine... Pas drôle le papa, Julie !
- En effet, je confirme !, tirant la langue.
- Et au fait, il manque quelqu'un là ? Ta femme, en regardant papa... Ta maman, en me regardant ensuite... Elle est où ?
- Ma maman elle n'habite pas chez nous..., je lui réponds.
- Ah, ok. Et donc toi tu habites avec ton papa, et tu vas voir ta maman juste quelques fois, c'est ça ?
- En fait, euh..., papa, gêné, embarassé.
- Ben... Ma maman elle habite au ciel, et un jour on ira la voir, pas tout de suite.
- Sa maman c'est Aurélie, et oui, elle n'est plus là..."

Le visage de Julie se transforme tout d'un coup quand elle comprend enfin.

"Matt, je ne savais pas... J'suis désolée...
- T'inquiète, ce n'est pas grave... Ma meilleure amie n'était pas là juste quand j'avais le plus besoin d'elle, mais bon... Je ne lui en veux pas...", en regardant le sol.

La conversation est en train de déraper, je n'ai pas forcément envie d'entendre la suite, je préfère les laisser là. Julie est pire que gênée, papa est en train de devenir triste... Autant qu'ils se parlent seuls à seuls...

Le soir, alors que tout le monde était près du feu, Julie, papa & moi on est partis s'asseoir sur les marches près de l'entrée, comtempler le ciel et ses étoiles. Enfin... pas tout à fait. Julie & papa parlaient pendant que moi je comtemplais seule mon ciel et les étoiles. Ils ne doivent pas savoir les vrais plaisirs de la vie sûrement... Puis, tout à coup... "Oooh, une étoile filante papa, regarde, vite !" Les deux levèrent la tête pour tenter de l'apercevoir encore.

"Fais un voeu tite Julie !
- T'inquiète..., en lui faisant un sourire.
- T'y crois ?, demande papa à son amie.
- Oh, euh moi... Non, pas vraiment... Et toi ?!
- Non plus à vrai dire...
- Ok... Bon, ben j'vais me coucher je crois...
- Déjà ?!
- Oui, il le faut, je ne suis pas en vacances, moi !
- Hihihi..., papa & moi.
- Bonne nuit tous les deux, à demain.
- Bonne nuit..."

Elle s'en va. Papa & moi nous restons encore un peu.

"Tu crois qu'elle a fait un voeu toi ?, demande papa.
- J'en suis sûre ! Et toi aussi d'ailleurs t'en as fait un, espèce de... de... de comment on dit quand on ment déjà ?
- Menteur...
- Oui, voilà, espèce de mytho !!"

On rit, puis on décide de rentrer à notre tour.

Lundi matin, je me réveille aux alentours 8h. Je regarde autour de moi, mamie a les yeux ouverts, mais papa n'est déjà plus là. Mamie ne l'a pas vu partir, mais j'ai ma petite idée. On se lève, on se prépare et on s'en va prendre le petit déj' avec tout le monde. Papa était devant l'entrée de la salle, avec Julie, en train de s'amuser avec les jeunes.

"Bonjour tout l'monde !, dit mamie.
- Salut mes femmes, en nous faisant la bise.
- Tu as été bien matinal papa, aujourd'hui !, en lui faisant un clin d'oeil.
- Ouais, genre !.."

On se rend ensuite dans la salle à manger. D'habitude ils se placent famille par famille, là, tous les petits voulaient venir à côté de nous. A côté de papa surtout... Les parents ne voulaient pas trop déranger, mais papa, en digne pitit papa trop gentil, leur a rassuré en disant que ce n'était pas grave, qu'ils pouvaient laisser leurs enfants avec lui. Alors, moi aussi je suis partie chercher mon Lucien, mon copain sourd et muet que je vous ai dit, et je lui ai proposé de se joindre à nous également. Au lieu d'avoir une table pour seulement trois personnes, on s'est retrouvés avec une table pour vingt. Mamie & papa s'en sortaient bien avec tous les enfants ! Je ne l'aurais pas cru, avec la toute petite famille que nous formons ! Mais bon, j'avoue aussi que parfois à moi seule, j'incarne dix enfants au moins !! Notre petit déjeuner était donc animén, faut le dire.

Finis, Julie & Eric nous donnent rendez-vous quelques minutes plus tard pour une balade. On s'en va chercher quelques provisions, on revient ensuite. Là encore, les enfants veulent rester avec papa ! Peut-être que dans une vie antérieure il était animateur de centre aéré, je ne sais pas, mais en tout cas ce que je sais, c'est qu'ils aiment mon papa. Sauf que justement, il s'agit de mon papa, pas le leur ! Gentiment, je les renvoie avec leurs parents, prétextant que papa ne dit rien parce-qu'il est sympa, mais qu'en fait il est fatigué et malade, et qu'il ne faudrait pas le fatiguer plus que ça. Ils pourront jouer avec lui plus tard. Me croyant alors, ils le laissent tranquille... gentiment également. Je retiens par contre Lucien, j'ai envie qu'il reste avec nous. Lui c'est juste mon petit chouchou, je l'aime déjà vraiment beaucoup, il est trop mignon. Je sais que lui aussi m'aime bien... Il me fait des bisous pour me le faire comprendre. Chut...

Notre balade s'est passée à merveille, on rentre. Il faut que je vous dise quand même... On a joué à à des jeux en équipe... L'équipe des filles contre l'équipe des garçons, et bien sûr, ce sont les garçons qui ont gagné, mais Julie n'était pas d'accord, elle disait qu'ils avaient triché, et papa & elle avaient fini par se chamailler... J'avais repensé à ce moment-là à la lettre de maman quand elle me disait qu'ils se chamaillaient, et qu'après quand Julie était énervée, papa faisait tout pour encore plus l'énerver... J'avais ri en lisant la lettre de maman, m'imaginant la scène, mais là, je voyais en vrai ce que c'était !! Après tout ce temps, ils n'avaient pas changé tous les deux ! Ca me faisait sourire, j'étais contente...

On rentre donc, il est 18h, une bonne petite journée qu'on a passée. Tout le monde se quitte, rendez-vous au dîner, et ensuite près du feu.

"Ah, j'suis fatigué !
- Ben j'te crois... Moi aussi !
- Et moi donc, en plus je suis la plus vieille !"

"Une sieste s'impose !!", on fait tous les trois ensemble. On rigole, puis on décide effectivement de faire une sieste.

Je me réveille deux heures plus tard, ils dorment encore. L'heure habituel du dîner ici est de 20h pile. Il est 20h, même un peu plus ! Je les réveille vite pour qu'on aille dîner, en attendant je vais me doucher. On arrive 30 minutes après, ça ne fait pas très poli pendant que tout le monde est déjà à table. Mamie s'excuse pour nous.

A la fin, comme toujours ils vont s'amuser près d'un feu, dans la cour. Hier on n'y est pas allées, ce soir on s'y rend. Ils décident qu'on joue aux jeux des mimes. L'équipe adverse doit dire à quelqu'un de l'autre équipe qu'est-ce qu'il doit mimer, et celui-ci doit le faire deviner à son équipe. Cette fois, je suis dans l'équipe de mamie & Eric. Papa & Julie, eux, sont ensemble. Pourquoi ?

"Mettez-moi dans l'équipe de Matt, sinon on va se battre à nouveau !", a justifié Julie.

On commence donc à jouer... Pour l'instant c'est facile. On a droit de mimer n'importe quoi, des mots, des expressions, bref, ce qui est "mimable". Arrive le tour de papa de mimer. C'est moi qui vais lui dire à son oreille ce qu'il doit faire. Il en reste choqué. Je retourne à ma place, souriante et fière.

"Qu'est-ce que tu as encore fait ?, me demande mamie.
- Rien, tu verras..., je me contente de lui répondre avec un air malicieux."

Papa, lui, est gêné. Je crois qu'il a envie de me taper. Il ne sait pas du tout quoi faire. Ca me fait rire, ce n'est pourtant pas bien compliqué ce que je lui ai demandé, loin de là, c'est même trop simple... Peut-être que ce sont les circonstances qui font qu'il se bloque ainsi... Notre équipe commence à le huer, il ronchonne. Julie, qui n'aime pas perdre, crie après papa : "Tu es nul ou quoi ? On va perdre à cause de toi !". On continue à le huer, il a l'air trop bête au milieu de la ronde ne sachant que faire. J'appelle Lucien à côté de moi, lui fait comprendre ce que j'ai demandé. Il me regarde l'air de me dire "juste ça ?", puis s'en va rejoindra papa. Il met ses mains sur le côté, le regarde, et agite la tête comme pour lui dire qu'en effet, il était trop nul.

Il prend alors la main de papa, il le place d'abord sur son coeur, puis il le replace sur celui de papa, et là...

"Je t'aime !", s'exclame Julie.

Oui, c'est bien ce que j'avais dit à papa de mimer, mais il n'a rien su faire.

En entendant Julie, contre toute attente, papa lui répondit un "Je t'aime aussi !". Pour tout le monde ça ne devait pas signifier grand-chose, mais pour papa, mamie & moi... cela signifiait bien plus que ça.

Il se met à pleuvoir tout d'un coup, on court alors tous dans la maison, tandis que je vois Julie, heureuse sous la pluie, et papa qui lui prend par le poignet pour qu'ils aillent eux aussi se réfugier quelque part... en tout cas pas avec nous. A l'intérieur, je regarde mamie, l'air complice. On se contente uniquement de sourire, et on monte nous sécher puis nous endormir sans attendre le papou.

Chap.6 : Désillusion

Mardi aujourd'hui, je ne sais pas l'heure qu'il est, mais il y a du bruit dans la chambre. Je me lève, "la tête encore dans le guidon" comme qui dirait... Je me rends dans la salle de bain, j'y vois papa en train de tout ranger. Lui qui fait le ménage ça n'existe pas... A cette heure, encore moins...

"Tu fais quoi ?
- Je range.
- Pourquoi ?, en baillant.
- On part.
- Hein ? Où ?
- A la maison. Réveille mamie.
- Hein ?
- Réveille mamie je te dis... Julie... On rentre, les vacances sont finis maintenant !
- Elles viennent de commencer !
- ON RENTRE !"

Je dois être en train de rêver. Si je me souviens bien rien ne s'était passé jusqu'à hier soir... Ca se passait même bien, alors pourquoi on devrait rentrer ? Je suis "HS", je retourne dormir. Mais papa revient bien vite à l'attaque...

"OH ! J'ai dit qu'on rentrait chez nous là, réveillez-vous !
- Matt, qu'est-ce qu'il se passe ?, mamie se réveillant.
- Bon, vous êtes durs d'oreilles ! On s'en va, dépêchez-vous !"

Papa nous regardait le visage en colère, on comprit vite avec mamie qu'il fallait obéir. Il avait déjà rangé nos affaires, il ne manquait plus qu'on aille se doucher, même le petit déjuener on n'allait pas le prendre ici. "On ira à la boulangerie", il nous a dit. Mamie et moi on ne comprenait pas, mais on s'exécutait tels des... je ne dirai pas quoi.

8h30 à peine, nous nous en allons déjà. Nous quittons le Home des pins, sans avoir d'explication aucune et sans même que je n'ai dit au revoir à Lucien. Je suis pire que déçue. Un taxi nous attend déjà pour nous emmener à la gare... L'ambiance est carrément nulle dans la voiture, personne ne parle. Moi je ne préfère même pas, mamie est fâchée, tandis que papa... Tandis que papa a des larmes qui coulent sur son visage. Parler ou pas parler ? Je ne peux pas laisser mon papa comme-ça. Je fais signe à mamie. Elle était énervée, mais voyant son fils ainsi, elle ne peut s'empêcher de se calmer et de lui demander de l'expliquer.

"Expliquer quoi ?
- Matt..."

Il se met à pleurer... Voyant mon papa comme-ça, je ne pouvais que faire de même, bien que je ne savais pas encore la raison.

"Matt arrête, explique nous ce qui s'est passé, on la droit de comprendre non ?
- J'suis qu'un con pôv' con, c'est tout ce qu'il y a à comprendre.
- Tsss, tu dis n'importe quoi ! Raconte-nous papa, hier tu allais pourtant bien. Moi j'aime pas quand t'es comme-ça..."

Il tente de se calmer comme il peut pour nous parler enfin.

"Hier, quand il s'est mis à pleuvoir, j'ai pris Julie et nous sommes partis nous abriter sous le chapiteau. Et puis, elle a commencé à "essorer" ses cheveux.. Je la regardais, je la trouvais juste magnifique putin... Elle a tellement changé... Si on était dix ans avant, elle les aurait juste secoués comme-ça, et toute l'eau me serait tombé dessus ! J'étais en train de la fixer, l'air con, ne pensant plus à rien... Elle a du le remarquer, elle me regardait, l'air interrogateur, mais avait fini par rire... Moi aussi, quand je me suis rendu compte... Ensuite, y'a un bouffon, un connard, un bien gros con, qui a mis une chanson d'Usher... Celle qu'il avait chantée avec Alicia Keys, My Boo. D'où on était on entendait super bien, et moi, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je lui ai demandé si elle voulait danser... J'aurais jamais du, j'suis un con moi aussi ! Elle a accepté... Je l'ai prise, on a dansé, on se regardait les yeux dans les yeux... Sur le moment c'était juste trop bon... On ne parlait plus, j'avais l'impression qu'il n'y avait même pas besoin de parler pour qu'on comprenne ce que chacun ressentait... On se regardait seulement... Mais au moment où ça allait devenir plus rapproché, au moment où elle allait mettre sa main sur mon visage pour... J'ai vu ce que jamais je n'aurais du voir... J'ai été bien trop bête de n'y avoir pas pensé... J'avais sans doute oublié qu'on n'était plus à nos 16 ans, on en avait 28 aujourd'hui... La vie change, les choses changent, tout finit par changer avec le temps après tout... Mais moi, je n'y avais pas du tout pensé. Même pas une fois ça ne m'avait effleuré l'esprit. Pourtant, elle, elle m'avait demandé si j'avais refait ma vie quand Aurélie est partie, moi je lui ai juste dit que non, que je n'en avais pas vraiment l'intention, qu'on n'aimait qu'une fois, une seule, pas deux, ni même trois. Quand elle m'avait demandé ça, j'aurais du aussi lui demander... Je suis bien trop con... Bien trop con... Elle portait une jolie bague de fiançailles, signe qu'elle n'était pas seule dans sa vie, et moi, ça, je l'ai vu juste au moment fatidique... Juste au moment où il ne fallait pas... Je suis resté choqué, ne sachant quoi dire... Elle non plus... Elle ne m'a rien dit, je lui en veux. Elle est avec quelqu'un, et elle était prête à faire ce qu'il ne faut même pas ! J'avais un mélange de rage, de tristesse, de déception en moi... Je lui ai lâché le poignet que j'avais pris pour bien voir si je ne rêvais pas... Elle est partie en courant, s'est enfuie. Elle ne sait faire que ça de toute façon... S'enfuir, c'est ce qu'elle fait le mieux..."

Mamie et moi on reste choquées. Moi j'y avais pensé, mais franchement, ça ne m'avait pas préoccupée plus que ça au final... On ne sait même pas quoi lui dire à part des "ce n'est pas grave" pas vraiment convaincants.

Jusqu'à Paris on n'a plus parlé. A quoi bon, il s'en fichait...

Il est aux environs de midi quand on arrive. On n'avait tout compte fait rien acheté à la boulangerie. Là, on se décide d'aller chercher des pizzas à la pizzeria qui se situe dans la rue d'en face. Mamie nous dit de l'attendre, je reste avec papa, elle y va.

Elle est sur le point de revenir, prête à traverser la rue pour nous rejoindre avec ses 2 boîtes de pizzas. Bizarrement, juste à la vue de ces pizzas, papa avait retrouvé un léger sourire. "Bizarrement"... Non, à vrai dire c'est un goinfre...

"Comment j'ai trop faim, il me dit en m'regardant.
- Moi aussi, trooooooop ! J'prends une pour moi, et l'autre tu partages ak mamie !"

On se mit à rire, quand tout à coup... Un coup de frein bruyant, une voiture qui fonce carrément dans celle qui a freiné, et une autre qui arrive, mais qui a tout juste le temps de s'arrêter à quelques centimètres à peine. Mamie ! On court vite. Il l'a renversée ce maudit... "conducteur" !! Papa & moi on est affolés, on va la voir. Elle est par terre, les gens viennent admirer le spectacle... Oui, parce-que ces imbéciles ils viennent uniquement par curiosité, ils ne viennent surtout pas pour aider ! L'autre qui a renversé mamie essaie de lui parler, on arrive, papa le pousse violemment en le traitant de "gros con". Mamie... Elle est encore demi-consciente, elle saigne de la tête, elle nous chuchotte qu'elle a mal. Je ne dis rien, je me contente de lui tenir la main, même si je tremble, et de la lui caresser pour lui faire comprendre qu'on est bien avec elle. Papa appelle les urgences, et ne cesse de dire à mamie que ça va aller. L'autre con revient, il n'arrête pas de s'excuser auprès de mamie. Il conduisait en même temps qu'il était au téléphone. Je le regarde, j'ai juste envie de l'étriper ce crétin !! "CASSE-TOI !!", je lui dis en pleurant.

Une ambulance arrive au bout de quelques minutes, ils font partir tout le monde, et mettent mamie sur la civière. Elle a mal, et elle le fait comprendre. Elle doit sûrement avoir des membres cassés... Je n'arrête pas de pleurer, c'est dur de voir celle que vous aimez le plus en train de souffrir, et que vous ne pouvez rien faire pour elle. "Faites attention, putin !, papa, énervé. Vous aviez cru que c'était quoi là ?"

Ils l'emmènent, on les suit, on va avec eux. Dans la voiture je reprends la main de mamie, papa l'autre. Il n'arrête pas de lui dire qu'ils vont la soigner quand on va arriver, mais mamie...

"Matt..., en pleurant. Ma Julie... J'ai trop mal, je ne vais supporter jusqu'à là-bas.
- Mais si, arrête de dire n'importe quoi, et arrête de parler, tu t'fatigues pour rien.
- M'en voulez pas...
- Mais putin, arrête !, papa, en pleurant.
- Matt, je m'en vais rejoindre ton papa. Ma place est auprès de celui que j'aime... La tienne aussi.
- Arrête maman, arrête. Me fais pas ça s'il te plaît ! Tu n'as pas le droit de me laisser, de nous laisser t'entends ? Alors arrête ! J'ai fait quoi ? Tu peux me dire j'ai fait quoi ? Aurélie qui m'a déjà quitté, Julie qui ne cesse de me quitter elle aussi... Toi tu n'as le droit de me faire ça ! T'as pas le droit, merde ! Tu peux pas m'abandonner comme-ça avec ma fille, j'ai besoin de toi !!"

Elle pressa nos mains, et ferma ses yeux. C'était fini... Pendant que papa criait et parlait à sa maman pour la réveiller, moi je pleurais... Je pleurais même toutes les larmes de mon corps. Mamie... Il n'avait pas le droit de la renverser ! Ma mamie... Ma meilleure amie, ma complice, mon exemple... Ma maman. Ce salaud, c'était de sa faute ! Et la vie... Cette garce, elle ne savait emporter que les bons, sans avoir de pitié pour qui qu'ce soit !

On continua le trajet malgré nous... Difficile de la voir "dormir" ainsi à côté de nous... Il n'arrêtait pas de lui caresser les cheveux, je le regardais en continuant de pleurer dans mon coin.

Arrivés à l'hôpital, ils nous disent que les messieurs pourront venir chercher le corps de mamie demain... Comme c'est dégueu de dire ce mot... Cette conne de vie nous réserve vraiment bien trop de surprises... Nous vivions bien tous les trois, nous nous amusions bien ensemble... Elle était jalouse, c'est tout ce que j'en pense.

On rentre à la maison, fatigués... Fatigués non seulement par le voyage que nous avions fait le matin, mais encore plus par ce qui est arrivé par la suite. Papa s'effondre à nouveau, il veut en tout l'monde... comme moi même.

Je ne peux pas le regarder comme-ça, je monte me reposer direction ma chambre, mais non, la chambre de ma mamie. Je ne peux m'empêcher de craquer encore une fois moi aussi. Elle va me manquer... Elle me manque déjà tellement !! Toutes nos bêtises, tous nos rires... Elle me soutenait tout le temps, elle me comprenait, elle représentait quelque chose de grand pour moi.

Trois quarts d'heure plus tard, papa vint me rejoindre dans sa chambre. Il avait appelé ses amis & papie pour leur dire la nouvelle, et on s'endormit ensuite d'épuisement jusqu'au lendemain très tôt. Il fallait qu'il s'occupe des choses pour le cerceuil et tout... Exactement le genre de choses qu'on aurait pu s'en passer pendant très longtemps.

L'après-midi on s'est rendus à l'église pour bénir le cerceuil, puis on a été au cimétière... Ce fut trop dur de les voir mettre ma mamie, enfermée dans ce bout d'bois, dans ce trou immense. Je ne pus y assister jusqu'à la fin et je partis les attendre à l'entrée.

Chap.7 : La fin.

Aujourd'hui, voilà un mois presque qu'elle nous a laissés. La maison est vide sans elle. En attendant de me trouver une nounou, papa travaille à la maison. Je suis toujours aussi complice avec lui également, mais ça se voit qu'il manque quelqu'un... On l'entendait chanter quand elle cuisinait. Toujours joyeuse, toujours souriante... Le bonheur incarné c'était elle. Même si nous évitons de parler d'elle (comme avec maman), moi je n'arrête pas de penser à elle. Tous les jours, pas une fois j'oublie. Je suis sûre que papa c'est la même chose même s'il ne le dit pas. J'espère qu'elle va bien, j'espère que nous protège, j'espère qu'elle a retrouvé son mari... Maman aussi...

C'est le soir, j'ai fini mes devoirs, je m'en vais les montrer à papa pour qu'il vérifie. Le téléphone sonne. J'y vais.

"Allô ?
- Oui, bonjour... Julie ?
- Oui ? C'est qui ?
- Julie, je ne sais pas si tu te souviens de moi, mais je suis la tante de l'autre Julie... Tu m'avais appelée il y a environ un mois, tu te rappelles ?
- Ah... Oui... Qu'est-ce qui s'passe ?
- Julie... Je t'avais dit que je ne voulais pas m'en mêler... Mais tu as su pourquoi par la suite...
- Oui..., en soupirant.
- Mais petite Julie, la meilleure amie de ton papa va se marier dans quelques jours... Et bien que je ne doive pas m'en mêler comme je te l'ai dit, je ne peux m'en empêcher quand je vois ma nièce si triste. Elle n'aime pas celui qu'elle va épouser, elle le fait uniquement pour sa mère qui veut voir sa fille aînée se marier. Tu es jeune, mais je suis sûre que tu peux me comprendre Julie.
- Oui, mais je ne peux rien faire pour vous, je suis désolée...
- Julie, tu peux encore tout faire ! Ma Julie, la mienne, elle aime toujours autant ton papa... Elle me l'a encore avoué quand après dix années elle l'a revu ! Elle ne peut plus annuler son mariage, mais toi tu peux...
- Comment ? Mais je n'ai pas le droit de faire ça !
- Ton papa & Julie sont fait pour être ensemble... Où est le mal là-dedans ?
- Arrêtez, vous m'embrouillez.
- Vendredi, ils se marient à Strasbourg, là où habitait notre famille avant. A 15h, il sera trop tard."

Elle raccrocha, me laissant bête comme-ça. Avec les évènements, j'avais fini par oublier...

"C'était qui ?
- Euh...
- T'as perdu ta langue ?"

Ma langue, elle était bien là, mais avec lui il fallait tellement la garder pour soi... Tout est tabou avec papa... Quand mamie était présente j'osais parler, je savais qu'elle était là pour me défendre au cas où, mais maintenant, je préfèrais ne pas trop le faire. Pourtant, j'en mourrais d'envie... Je mourrais d'envie de lui dire la nouvelle...

"Bah alors ?
- Papa. Julie va se marier dans quelques jours, faut que tu l'en empêches.
- Qu'est-ce que tu m'racontes encore là Juju ?
- Papa... Je sais que tu l'aimes fort, je sais aussi qu'elle t'aime, et qu'elle ne veut pas l'épouser. Ne laisse pas passer ta chance papa. Faut qu'on fasse quelque chose ! Faut que tu récupères ce qui te revient !
- Julie, arrête.
- Non papa, non ! Faut qu'on aille à Stras ce week-end ! J'en ai marre de te voir triste, j'en ai marre !, en commençant à pleurer. C'est toi qui dois l'épouser, personne d'autre ! Et c'est toi qu'elle veut épouser également !! Tu le sais, alors toi arrête !"

Il se met à pleurer lui aussi, se rendant compte peut-être que ce que je venais de dire était vrai... Il me prend dans ses bras, et dit qu'il m'aime trop. Je lui fais un sourire.

Vendredi, après les cours, direction Stras, direction la dernière chance... Nous arrivons l'après-midi vers 13h30 et déposons nos affaires chez papie. Papa & moi sachant fort bien pourquoi nous sommes là, stressons gravement. Même pas le temps de trop discuter avec papie, on se rend chez la famille Fritsch. Il s'agit en fait de la maison où a vécu les ancêtres de Julie, et où Julie elle même y a vécu jusqu'à ce que ses parents déménagent.

Les invités sont déjà présents. La cérémonie va se dérouler dans leur grand jardin, tout a été préparé pour. Papa ne salut personne, il file tout droit, entre dans la maison, et monte à la chambre de Julie.

Là, en ouvrant, on la vit... plus belle que jamais dans sa robe couleur ivoire. Son maquillage discret, son chignon et les mèches qui tombaient... Elle était juste magnifique. La mariée que toutes les femmes voudraient ressembler et que tous les hommes voudraient avoir. Elle se retourna, choquée de nous voir là.

"Que... Qu'... Qu'est-ce que vous faites là ?
- Je viens t'empêcher de faire une bêtise Julie.
- Va-t-en Matt. Ne gâche pas mon mariage.
- Tu ne dois pas l'épouser, Julie... Je t'aime !
- Va-t-en, j'ai dit ! Va-t-en, s'il te plaît..., les larmes aux yeux.
- Julie, mon papa t'aime... Toi aussi tu l'aimes, tu ne dois pas faire ça !
- Vous ne comprenez pas, laissez-moi !"

Papa me prend par la main, il veut qu'on la laisse.

"J'aurais pas du venir, je le savais... Juju, tu me fais faire n'importe quoi à chaque fois.
- Pfff, elle n'est pas encore mariée ! Pour moi il n'est jamais trop tard !! Va t'asseoir dans un coin, je reviens."

Je laisse mon papa, je m'en vais dehors. Le marié était arrivé avec sa famille. Je le connais pas, lui non plus, mais autant faire le tout pour le tout. Je vais le voir, le prends à part.

"Salut toi. Tu vas te marier avec Julie ?
- Oui, souriant. Tu es une petite cousine ?
- Non, pas tout à fait. Je suis la fille de l'homme qu'elle aime et qui l'aime. Tu ne dois pas te marier avec elle aujourd'hui..."

Il me regarde curieusement, mais je suis lancée, je continue, tant pis.

"Tu ne me crois pas ? Vois comment elle est triste tout à l'heure... Elle aime mon papa, elle n'a toujours aimé que lui, tu ne peux pas lui faire ça. Si tu l'aimes, tu dois vouloir son bonheur, tu ne dois pas être égoïste. Ce n'est pas facile ce que je te dis, mais il faut que tu me crois... S'il te plaît, ne détruis pas le bonheur que pourrait avoir Julie avec mon papa... Ils sont tristes tous les deux..., en commençant à pleurer.
- Mais j'aime Julie.
- Je sais que tu l'aimes ! Mais elle, elle a juste de l'affection pour toi ! C'est mon papa qu'elle aime et qu'elle aimera toujours ! Si tu l'aimes, prouve-le lui..."

Après ça, je m'en allais rejoindre mon papa qui étais assis dans un coin, le visage meurtri.

"C'est bon, on y va, je ne veux pas voir ça...
- Non ! Moi j'ai l'espoir, tant qu'ils ne sont pas mariés, rien n'est perdu..."

Papa me regardait. Dans ses yeux à lui, il n'y avait plus aucun espoir.

L'heure de la cérémonie arriva bientôt. Elle descendit les escaliers de la maison aux bras de son papa, suivaient les autres membres de sa famille. Ils allaient vers le jardin, où se trouvaient le futur époux et les autres invités. Je regardais un peu partout, tout le monde était heureux... Tout le monde, sauf Julie, papa, moi... & l'époux.

Le prêtre les acceuilla. Il fit sa messe, puis vint le moment de poser la fameuse question :

"Mademoiselle Fritsch Marie-Julie, acceptez-vous de prendre pour époux Monsieur Durant Yannick ici présent ?"

Mon coeur s'arrêta net de battre, je serrais fort la main de papa.

"Oui, je le veux."

Mon Dieu ! Oui, elle venait de répondre oui ! Elle est têtue cette fille, elle est têtue ! Je recommence à pleurer, c'est bon, il n'y a vraiment plus aucun espoir, j'suis déçue... Tellement déçue, moi qui y croyais pourtant... Nous sommes une famille maudite, pourtant qu'avons-nous fait de si mal ?

Mon papa était juste en colère, s'il aurait pu il aurait tout cassé.

"Monsieur Durant Yannick, acceptez-vous, vous aussi, de prendre pour épouse Mademoiselle Fritsch Marie-Julie ici présente ?
- Non..."

Non... Non ? Non, il a dit quoi ? Non ?? Je crois rêver ! S'il fait une plaisanterie, elle n'est franchement pas drôle !!

Tout le monde se regardait entre eux, papa était de plus en plus énervé.

"Il se croit amusant ou quoi là, ce bouffon ?
- Chut papa..."

"Julie, je t'aime, je t'aime à en mourir. Tu es une fille formidable, mais je ne vois pas l'intérêt de nous marier si ce n'est pas moi que tu aimes.
- Qu'est-ce que tu fais Yannick, arrête !
- Non, me marier ça a toujours été mon rêve, mais dans mon rêve, mon épouse m'aimait comme je l'aimais. Je ne t'en veux pas, ne t'inquiète pas. Tu es une fille intelligente, et si c'est lui que tu aimes, c'est que tu sais pourquoi... Je ne veux que ton bonheur, si ton bonheur est avec lui, je te le laisse. Que tu vives heureuse toute ta vie, car tu le mérites..."

Oh la la, mon Dieu, pardonnez-moi, je me rends compte que j'ai mis un sacré bordel à ce mariage ! Il s'en va... Non, en fait, il vient vers nous. "C'est lui ton papa ?", il me demande. Je lui fais oui timidement de la tête, j'ai trop honte de moi. Il prend mon papa par l'épaule, l'emmène vers le prêtre, qui semble outré.

"Mon père, mariez-les. Y'a pas amour plus sincère que le leur."

Il enleva sa veste, le donna à papa. Je m'avançais. Julie & papa étaient rouges, mais le prêtre reprit là où il s'était arrêté.

"Mademoiselle Fritsch Marie-Julie, acceptez-vous de prendre pour époux..., il regarde papa...
- Tota Matthieu..., ils répondent ensemble.
- Acceptez-vous de prendre pour époux Monsieur Tota Matthieu ici présent ?

Julie hésita, puis dans un sourire enfin, et surtout dans des larmes, elle répondit :

"Oui, je le veux.
- Monsieur Tota Matthieu, acceptez-vous de prendre pour épouse Mademoiselle Fritsch Marie-Julie ici présente ?
- Oui... Je le veux, il répondit les larmes aux yeux.
- Je vous déclare alors, mari & femme. Vous pouvez embrasser la mariée."

Sans plus attendre, ils se sont embrassés, sans se soucier du reste. Tout le monde pleurait et applaudissait. Papa & Julie se regardaient, on les voyait heureux... enfin.

Derrière eux, j'aperçus mamie, maman, en compagnie d'un homme, sûrement mon autre grand-père. Tous les trois me souriaient, et me faisaient signe que j'avais assuré.

Tout le monde était alors heureux... Je ne pouvais que l'être également. Je les regardais une dernière fois, leur fit un clin d'oeil, et ils s'en allèrent.

Mission accomplie.

FIN.

Inspirée du film Kuch Kuch Hota Hai que je vous conseille fortement...

Parce que c'est surement LA meilleure story que t'es pu écrire, biensur après la notre* *.

Plus sérieusement, j'ai vraiment aimé l'histoire en elle-même, et j'trouve que tu racontes vraiment bien les choses... C'est émouvant, mais aussi très rigolot ! Humour de la petite fille, la mamie extraordinaire ( Même si ma mamie l'est aussi ) j'l'adore, et Matt qui ferait tout pour sa fille. C'est vraiment chou . A chaque suite, j'attendais la prochaine avec impatience, tmtc !
J'sais pas comment t'expliquer comment j'ai kiffé?! Y'a peut être justement rien à dire... J'pense que y'a juste à relire pour resavourer le délice ( Au chocolat )

M'enfin, j'espère que tu nous en refera une mais avant, tu lis tes livres .

Awwww enfin la fin ! Je l'attendais

Héhé gonflée la ptite Julie hein ! Courageuse aussi ! =) n'empeche qu'elle a réussi

Elle a foutu un de ces bordel Loool mais un joli bordel donc ca va

Bon sinon, tu sais bien que j'aime ta façon d'écrire je te l'ai dis y a pas 1 heure

Bravo pour cette story a la fois : marrante et touchante <3

Et sinon a quand la prochaine ?! =D

Elow j'ai A.D.O.R.E ta story
piouuh tu m'as fais passer par tout les états, un coup j'me marrais toute seule d'vant le pc (d'ailleurs ma mère à du me prendre pour une folle)
puis d'un coup op me voilà qui pleurait !
nan sérieux troop bien ta story!
j'espère que t'as prévu une prochaine story pour bientot

Ba tu sais tout a peu pres lol Trop trop trop bellle cette histoire vraiment magnifique alala!!!

Bravo en tout cas c'est super bien ecrit !!

Ooooh naaan .. Pétaaaard .. Elooow ! Mais c'est trop trop magnifique !
Olalaa .. Sérieux j'ai trop trop aimer !
Franchement bravo pitite padawan, ou Ma Chef ou tous c'que tu veux .. lol
Ah mais sérieux c'est trop joli avec son fille qui l'aime plus que tout et vice-versa ..
La promesse à sa mère et tout ..
Vraiment magnifique quoi

Merci pour cette superbe story ma n'Elow !

piouuuf juste magnifique
serieux j'ai vraiment aimée ta storie
j'ai la ptite larme à l'oeil là, arffffff mdrr

J'ai eu le temps de lire la fin!!!! Hier j'ai vu que tu l'avais finis et j'ai pas pu lire... fin bref c'est ma life!!!

Pour ce qui est de cette storie ben j'ai ADORE!!!! Vraiment c'était une storie magnifique avec tous pleins d'émotions diverses. Je suis passée du rire aux larmes tellement cétait bien écrit!

Alors bravo Elow!

¤ Elow ¤ a écrit:

Non, parce-que les stories c'est comme les dissert... T'as l'intro, t'as la conclusion, mais le développement tu sais jamais !.. Et ça, c'est juste relou !!

Mdr alors ça on dirait moi pour mes dissert lol
mais l'inspiration va te venir pour une nouvelle j'en suis sur!